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Le rachat d’or en Suisse
Comprendre, évaluer et vendre sereinement ses bijoux, lingots et pièces
L’or n’a jamais perdu son attrait en Suisse. Métal précieux, symbole de sécurité et de valeur, il joue depuis des siècles un rôle central dans l’économie helvétique.
Mais au-delà des coffres des banques et des lingots soigneusement stockés, il y a une réalité quotidienne : celle du rachat d’or, c’est-à-dire la revente de bijoux, de pièces ou de lingots par des particuliers.
Que ce soit pour obtenir du liquide, faire le tri dans un héritage, vendre des bijoux inutilisés ou simplement profiter d’un cours élevé, le rachat d’or reste une opération courante — et très encadrée.
Alors, comment cela se passe-t-il concrètement en Suisse ?
Voici le guide complet, sans mystère ni jargon.
1. Pourquoi vendre de l’or en Suisse ?
Les Suisses, comme beaucoup d’Européens, détiennent souvent de l’or sous forme de bijoux familiaux ou de petites pièces héritées.
Trois raisons principales poussent à le vendre :
- Besoin de liquidités immédiates : financer un projet, un achat, ou traverser une période difficile.
- Optimisation patrimoniale : alléger un coffre, diversifier les placements, convertir l’or en actifs plus dynamiques.
- Entretien ou succession : vider une succession, séparer les biens, ou tout simplement se débarrasser d’objets cassés ou inutilisés.
La Suisse, réputée pour son sérieux bancaire, est aussi un pays où la revente d’or est simple, sûre et transparente, à condition de passer par les bons canaux.
2. Où vendre son or ?
Il existe plusieurs types d’interlocuteurs possibles :
a) Les bijoutiers
Les bijoutiers suisses rachètent souvent l’or sous forme de bijoux anciens ou cassés.
Avantage : proximité et paiement rapide.
Inconvénient : la valeur proposée est parfois moins avantageuse, car ils se rémunèrent sur la fonte.
b) Les comptoirs spécialisés
Ce sont des négociants professionnels, souvent enregistrés auprès de la Confédération, qui rachètent tout type d’or : bijoux, pièces, lingots, débris, or dentaire, etc.
Ils disposent de balances certifiées, de tests de pureté précis et d’un suivi administratif conforme à la loi sur le blanchiment d’argent (LBA).
Leur avantage : transparence et expertise.
c) Les banques
Certaines grandes banques rachètent les lingots ou pièces d’investissement, mais très rarement les bijoux.
Leur force : sécurité totale, mais formalités plus strictes et délai de paiement plus long.
d) Les plateformes en ligne
Certaines sociétés proposent le rachat d’or par envoi postal sécurisé.
Cela peut être pratique, mais exige une grande prudence : vérifiez toujours l’adresse physique, l’assurance de transport et la réputation de la société.
3. La réglementation suisse
Contrairement à certains pays, la Suisse a un cadre clair pour l’achat et la vente de métaux précieux.
Les points essentiels :
- Les acheteurs d’or doivent être enregistrés et soumis à la Loi sur le blanchiment d’argent (LBA).
- Une vérification d’identité est obligatoire pour toute transaction.
- Les professionnels doivent tenir un registre de toutes les ventes, avec la nature, le poids et le prix de chaque objet.
- Les transactions en espèces au-delà de CHF 15 000 sont soumises à des contrôles renforcés.
En clair, le rachat d’or en Suisse est une activité libre, mais strictement encadrée.
Un acheteur qui ne demande pas vos papiers ou qui vous propose un paiement anonyme agit hors des règles — et doit être évité.
4. Comment se déroule le rachat d’or pas à pas
a) Prise de contact
Vous prenez rendez-vous ou vous présentez directement dans un comptoir d’achat d’or.
Un professionnel vous accueille et vous demande une pièce d’identité officielle (passeport, carte d’identité ou permis de séjour).
b) Tri et évaluation
L’acheteur examine vos objets :
- Il pèse chaque pièce sur une balance homologuée.
- Il teste la pureté avec des solutions acides ou un analyseur électronique (XRF).
- Il identifie le caratage (9, 14, 18, 22 ou 24 carats).
- Il distingue l’or massif du plaqué ou du doré.
Certains bijoutiers vérifient aussi la présence de pierres précieuses, mais celles-ci sont rarement incluses dans le prix du métal (elles peuvent être rendues ou revendues séparément).
c) Calcul du prix
Le prix est calculé en fonction de :
- la pureté de l’or,
- le poids net,
- le cours du jour (prix de l’or sur le marché international),
- et la commission du racheteur (souvent entre 5 % et 15 %).
Le cours de l’or varie quotidiennement, exprimé en CHF par gramme ou par once (31,103 g).
Les bons professionnels affichent le cours actuel et expliquent leur calcul de manière transparente.
d) Offre et paiement
Une fois la valeur déterminée, une offre ferme vous est présentée.
Vous êtes libre de l’accepter ou non.
En cas d’accord, le paiement est effectué immédiatement :
- en espèces (dans la limite légale),
- ou par virement bancaire.
Un reçu écrit mentionnant le poids, la pureté, le prix et votre identité vous est remis.
Conservez-le : il constitue une preuve légale de la transaction.
5. Ce qu’il faut savoir sur le cours de l’or
Le prix de l’or est fixé sur les marchés internationaux, principalement à Londres et à Zurich.
Il fluctue chaque jour selon :
- l’offre et la demande,
- la situation géopolitique,
- la politique monétaire (taux d’intérêt, inflation),
- et la confiance des investisseurs.
À titre indicatif :
- En 2010, l’or valait environ CHF 35 / g.
- En 2020, il a dépassé CHF 55 / g.
- En 2024, il oscille entre CHF 60 et 70 / g selon les jours.
💡 Les périodes d’incertitude économique — comme les crises ou les hausses d’inflation — sont souvent les plus favorables pour vendre.
6. L’aspect fiscal
La fiscalité suisse sur l’or est particulièrement avantageuse.
- La vente d’or par un particulier n’est pas soumise à la TVA, sauf s’il s’agit de bijoux neufs vendus par un professionnel.
- Les plus-values sur la revente d’or d’investissement (lingots, pièces reconnues) ne sont pas imposables pour les particuliers.
- En revanche, la fortune en or (lingots, pièces, bijoux de valeur) doit être déclarée dans la déclaration de fortune cantonale.
Chaque canton peut appliquer ses propres règles pour la valorisation et le seuil d’imposition, mais dans la majorité des cas, les transactions ponctuelles ne posent aucun problème fiscal.
7. Les erreurs fréquentes à éviter
- Vendre sans comparer les offres.
Les écarts entre deux comptoirs peuvent aller jusqu’à 10 %. Prenez le temps de faire au moins deux estimations. - Vendre dans la précipitation.
Un professionnel honnête vous laissera toujours le temps de réfléchir. - Se fier aux enseignes temporaires ou aux foires itinérantes.
Certaines disparaissent après quelques jours, sans garantie. - Oublier de vérifier le cours du jour.
Le prix de l’or varie quotidiennement : une différence de 2 CHF / g peut représenter plusieurs centaines de francs sur un bijou lourd. - Ne pas demander de reçu.
En cas de litige ou de contrôle fiscal, vous serez sans preuve.
8. Conseils pour obtenir le meilleur prix
- Vendez vos bijoux propres et triés (séparez les métaux différents).
- Retirez les pierres si elles n’ont pas de valeur particulière.
- Demandez une estimation gratuite et sans engagement.
- Consultez le cours de l’or du jour avant d’aller vendre.
- Choisissez un comptoir reconnu à Genève, Lausanne, Zurich ou Lugano, avec pignon sur rue.
- Négociez poliment, mais fermement : le racheteur sait que vous avez comparé.
9. Exemple concret
Vous apportez un bracelet de 50 g en or 18 carats.
- Le cours du jour est de CHF 62 / g pour l’or pur (24 carats).
- L’or 18 carats contient 75 % d’or pur → valeur théorique = 50 g × 62 CHF × 0,75 = CHF 2 325.
- Le racheteur applique une commission de 10 %.
- Montant final versé : CHF 2 092.50.
Vous signez le reçu, recevez votre paiement, et la transaction est close.
10. En résumé
| Étape | Action | Détail |
|---|---|---|
| 1 | Choisir un acheteur agréé | Vérification d’identité, matériel certifié |
| 2 | Apporter l’or | Bijoux, lingots, pièces |
| 3 | Évaluation | Poids, carats, cours du jour |
| 4 | Offre et paiement | Espèces ou virement |
| 5 | Reçu et transparence | Preuve légale, sécurité du vendeur |
| 6 | Fiscalité | Pas de TVA ni d’impôt sur la plus-value |
11. Conclusion
Le rachat d’or en Suisse est un marché fluide, sûr et encadré.
Il repose sur la confiance, la transparence et la réputation — trois valeurs profondément suisses.
Que vous vendiez une bague héritée ou un lingot d’investissement, la clé reste la même : choisir le bon interlocuteur.
Un bon acheteur d’or est celui qui explique, détaille, pèse devant vous, et vous paie sans détour.
Et si l’or a traversé les siècles sans perdre son éclat, c’est parce qu’il a toujours eu ce pouvoir unique :
transformer la matière en sécurité, et parfois, en nouvelle liberté financière.
